► 1985 : Un couple achète la « Ferme Cravirola », à la Brigue (06), pour 120 000 francs et se lance dans sa reconstruction. Il s’entoure d’un troupeau de vache et développe une activité agricole. Tous deux souhaitent partager cette expérience et monter un collectif. Plusieurs personnes s’essaient à la vie sur le lieu mais aucune ne choisi de rester durablement. Le couple essaie de tisser des liens avec d’autres coopératives, ici et ailleurs.
► 2005 : 20 ans plus tard, 8 personnes vivent et travaillent désormais à la ferme. Le collectif dénommé Cravirola s’organise sur la base de principes informels (non formulés par écrit). La volonté naît de quitter La Brigue pour un endroit plus propice aux activités culturelles. Une réflexion est amorcée autour d’une structure juridique qui permettrait l’acquisition d’un grand domaine. C’est aussi le moment de concrétiser un projet d’abandon de la propriété individuelle au profit de la propriété collective.
► 2006 : Cravirola rencontre un collectif basé en Ardèche, animé par les mêmes réflexions : « Caracoles de Suc ». Un troisième collectif est prêt à reprendre la ferme des Alpes Maritimes. Ensemble, ils décident de fonder la SCOP Cravirola et la SAS Terres Communes :
→ La SAS Terres Communes est créée afin de permettre l’achat d’un lieu nouveau pour le collectif Cravirola, en empruntant à la banque, et tenter de pérenniser une nouvelle forme de propriété collective. Une « Charte de collectifs » est rédigée. [Voir document p.22 ] Des emprunts sont contractés pour l’achat futur du Domaine du Bois-Bas : 600 000 euros auprès des banques et plus de 300 000 euros auprès de particuliers
→ La SCOP Cravirola est créée pour porter administrativement l’activité agricole du collectif Cravirola. Les moyens de production sont transmis officiellement à la coopérative dans le but de les collectiviser. Cette structure servira également au versement régulier, sous forme de loyer, de sommes destinées au remboursement des emprunts.
► 2007 : Terres Communes achète le Domaine du Bois-Bas, à Minerve (34), pour un montant de 1 160 000 euros. La SCOP Cravirola et son collectif s’installent sur le lieu, 5 mois avant l’ouverture de leur première saison estivale. À la fin de l’été, le bilan est mitigé : le risque financier qu’a présenté l’achat du Domaine est réel.
► 2008 : Désormais, les enjeux reposent tant sur l’activité agricole que sur les activités culturelles et d’accueil de visiteur-ses. Les infrastructures sont améliorées. Le camping, lui, est progressivement étendu. La survie de la Coopérative Cravirola n’est plus en danger immédiat.
► 2009 : L’élevage passe d’un système « extensif » à un système « intensif ». Il est projeté de consolider l’élevage laitier et de développer encore davantage les activités d’accueil – ceci malgré l’épuisement de toutes et tous. Le nombre de visiteurs augmente peu à peu, mais le nombre de membres impliquées durablement dans le collectif reste le même. Le rythme imposé a exacerbé les difficultés de la vie et du travail en groupe.
► 2010 : De nouvelles personnes rejoignent le collectif. Mais depuis un certain temps, les relations se dégradent avec Axel D.H, membre fondateur de la SCOP Cravirola et de la SAS Terres Communes. L’une des membres du collectif présente une lettre au reste du groupe pour demander des changements radicaux dans le fonctionnement de la coopérative. Elle propose d’enlever certaines responsabilités à Axel car elle juge son comportement envers les autres inacceptable. Lui ne supporte pas cette possible remise en question : « visage officiel de la SCOP », il revendique son « leadership » et accuse cette membre de vouloir l’écarter sournoisement du projet. Quatre médiateurs interviennent pour tenter de trouver un accord à l’amiable, un protocole auquel Axel met fin en ne respectant pas sa part de l’engagement. Il décide de partir avec de l’argent et du matériel collectif, qu’il revendique comme étant officiellement sa propriété. À l’issue de ce conflit il n’est plus ni le gérant de la SCOP Cravirola, ni le président de la SAS Terres Communes, mais les accuse de trahison et leur promet une bataille judiciaire acharnée.
► 2011 : Une première audience opposant Axel D.H. à la SAS Terres Communes a lieu devant le Tribunal de Commerce de Béziers, le 21 novembre 2011. Les démarches sont précipitées et Terres Communes est condamnée par une exécution provisoire au remboursement d’une somme de 320 000 euros, soit le montant de ses parts correspondantes à la valeur de la Ferme Autogérée de la Roya (ancienne ferme Cravirola dans les Alpes-Maritimes) apportée en capital à la création de Terres Communes. La valeur de ce bien est en réalité le fruit du travail de nombreuses personnes et le climat de confiance à l’époque était tel que la précaution n’avait pas encore été prise de redistribuer les parts plus équitablement. Axel entreprend également de mettre le Domaine de Bois Bas sous hypothèque judiciaire et en informe les banques afin d’empêcher l’organisation du remboursement des emprunts privés – dont la plus grosse part arrive à échéance en janvier 2012. Au cours des années suivantes, l’affaire sera poursuivie en cour d’appel puis en cour de cassation.
► 2016 : Suite aux départs successifs de membres de la Coopérative Cravirola, l’avenir du groupe restant (5 personnes) et le maintien de l’ensemble des activités menées jusque-là sont plus que compromis. Un appel à ce que d’autres collectifs rejoignent le lieu, afin d’en maintenir la pérennité, est collectivement rédigé et diffusé. Cet appel fait suite à de longues réflexions, notamment sur les raisons des échecs liés à la forme d’organisation en vigueur sur le lieu et à ce moment là. La forme fédérative, actuellement celle de la Commune du Maquis, est déjà présentée dans cet appel du collectif Cravirola comme possible réponse à ces problématiques. [Annexe 1 p.24 ] Plusieurs individus et collectifs ont répondu à cet appel. Plusieurs rencontres ont eu lieu au fil des mois pour mettre en place les bases de ce nouveau projet.
► 2017 : Une Charte est rédigée et actée par l’ensemble des entités formant désormais la Commune du Maquis, collectif Cravirola compris. Ce dernier n’est plus l’acteur principal du lieu mais devient l’une des composantes de la fédération. Le premier engagement que prend la Commune est de contribuer solidairement au remboursement des dettes liées à l’acquisition du lieu. [Voir document p.27]
► 2018 : Le collectif Cravirola se dissous ; ses membres affirment leur volonté de poursuivre séparément leur implication dans le projet de la Commune du Maquis. Il ne restera de la Coopérative Cravirola que sa structure administrative et juridique.